Astrid avait terminé son boulot depuis vingt minutes, mais n'avait toujours pas quitté le vestiaire du bâtiment des archives. Elle avait eu la merveilleuse idée de perdre ses clés. Génial. Ses parents n'étaient pas chez eux, ça, elle en était certaine. Un coup d'oeil par la grande fenêtre du couloir lui avait indiqué, quelques minutes plus tôt, que le temps était à l'orage. La pluie commençait à tomber et le vent était levé. Avec tout ça, elle avait tout sauf envie d'attendre des heures devant chez elle, à mourir de froid. Une idée lui vint alors, il suffisait qu'elle aille voir sa soeur sur son lieu de travail pour récupérer ses clés. La jeune femme attrapa son sac et dévala les escaliers à toute vitesse, passant la porte d'entrée et se dépêchant de se rendre à l'entrée du quartier nord pour sortir. Il ne lui fallu pas plus de 20 minutes pour rejoindre l'orphelinat où travaillait Alix, sa petite soeur. Elle avait poussé la grande porte de l'orphelinat, avant de s'aventurer dans les couloirs. Pas très sécurisé pour un orphelinat, mais dans leur faction, ils ne pouvaient pas s'attendre à mieux. Concentrée à chercher sa petite soeur, elle était distraite et n'avait pas entendu la personne qui venait de poser sa main sur son épaule. Elle s'était retournée brutalement, à la limite de hurler, mais elle s'était retenue, ne voulant pas effrayer les enfants qui trainaient dans le coin. L'homme qui lui faisait face lui demanda ce qu'elle était venue faire par ici. Retrouvant son calme dans un premier temps, elle restait silencieuse, avant de demander le plus simplement du monde où se trouvait Alix, sa soeur, qui travaillait ici, précisant au passage, que c'était pour quelque chose d'urgent. Pas totalement vrai, mais pas totalement faux non plus. Disons que la jeune femme n'avait pas envie d'attendre dehors parce que cet homme refusait de lui dire où était Alix pour qu'elle récupère ses clés. Il lui indiqua donc l'endroit où était Alix et partit, sans un mot de plus. Étrange, mais ce n'était pas le problème pour l'instant. Toquant deux coups à la porte que l'homme lui avait indiqué, elle n'attendait pas la réponse et elle entrait. Elle était seule et tant mieux. « Hey. » Commença-t-elle bêtement. « Désolée de te déranger pendant que tu travailles, mais j'ai perdu ou oublié mes clés, il pleut dehors et il fait froid, j'ai pas envie d'attendre des heures que tu rentres, donc si tu pouvais me prêter les tiennes. » Autant de mots, pour dire si peu de choses, ça, c'était bien Astrid.

J'avais eu une journée très chargée et celle-ci n'était pas prête de se terminer. Pourtant, le calme régnait dans l'orphelinat, tous les enfants étaient dans leur chambre à faire leurs devoirs, à l'exception de deux ou trois enfants qui traînaient encore dans les couloirs. Je n'entendais que la pluie frappée contre les vitres de la pièce dans laquelle je me trouvais. Je commençais à ne plus rien voir et à trouver qu'il faisait froid. Je faisais donc le tour des chambres en demandant aux enfants de refermer les fenêtres. Je n'avais plus rien à faire pour le moment, je devais encore laisser une bonne heure aux enfants pour qu'ils finissent leurs devoirs avant de faire le tour des chambres, pour vérifier ce qu'ils avaient fait et pour leur apporter mon aide avant de pouvoir rentrer chez moi. En attendant, je m'étais isolée dans une des pièces qui nous étaient réservées, j'y étais seule et donc tranquille pour faire ce que je devais faire. Quelques enfants m'avaient destiné des lettres, ils m'expliquaient ce qui n'allait pas pour eux, leurs problèmes, leurs craintes, leurs questions ... C'était parfois difficile de tout exprimer à l'oral et tellement plus simple de l'écrire. C'est pourquoi j'avais proposé aux enfants d'écrire ces lettres, leur promettant que tout ce qu'ils diraient aller rester secret, que je devais lire avant d'aller leur parler. Je voulais les aider, je devais les aider, c'était mon métier après tout. Je venais tout juste de terminer la deuxième lettre quand quelqu'un toqua à ma porte avant d'entrer sans que je ne lui en donne la permission. " Astrid, salut " Je m'étais levée de ma chaise pour aller fermer la porte, les gens n'avaient pas besoin de savoir ce que nous disions. " Je te reconnais bien là, toujours la tête dans les nuages. Je veux bien te prêter les miennes, mais s'il te plait évite de les perdre celle-là. En tout cas essaye de retrouver les tiennes, sinon tu vas souvent attendre sous la pluie comme ça. " Je sortais les clés de ma poche afin de pouvoir lui tendre. J'étais retournée m'asseoir afin de rassembler les lettres pour les poser sur le coin de la table. " Tu n'as pas trop eu de problème pour rentrer, surtout avec le petit nouveau ? " Je souriais en attendant sa réponse. Ma main pointait une chaise, l'invitant à s'asseoir.

Astrid était tête en l'air parfois. La preuve était là, encore une fois puisqu'elle avait oublié ou perdu ses clés. Le temps étant mauvais et comme il n'y avait personne chez elle, elle préférait se diriger vers l'endroit où travaillait sa petite soeur, Alix. Après être entrée dans l'orphelinat, une personne lui indiqua l'endroit où était Alix. Astrid avait frappé, mais n'avait pas attendu la réponse de sa jeune soeur pour rentrer. Astrid raconta rapidement le motif de sa visite, se doutant bien qu'elle parlait trop. Comme d'habitude. Elle le savait, mais elle le faisait sans cesse, en dire beaucoup pour un détail. « Je ne vais pas perdre deux paires de clés dans la même journée, tu imagines la malchance quand même. » Donc, c'était tout à fait possible, elle était extrêmement malchanceuse. Elle n'avait pas tort, elle allait attendre souvent si elle ne les retrouvait pas.  « Je ne sais vraiment pas où elles peuvent être, mais j'vais chercher. » Refaire des clés ici coûtait assez cher, dépenser de l'argent comme ça, ce n'était pas possible. Dépenser pour les refaire, c'était se priver pour quelque chose. Mais si c'était obligatoire, alors elle le ferait. Astrid avait attrapé les clés que sa petite soeur lui tendait puis elle allait s'asseoir après l'invitation silencieuse de cette dernière. « Le petit nouveau ? Écoute, personne ne m'a mis dehors, donc ça a été. » Curieuse, elle avait jeté un coup d'oeil sur les lettres que sa soeur avait déplacé. « Tu faisais quoi avec toutes ces lettres ? »